Signification de la kata de soie

 

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Il s'avère que de nombreuses personnes ignorent la signification de certains "protocoles" qui sont souvent considérés comme culturels tibéto-tibétain ou optionnels voire accessoires et puérils. Ainsi, il en va par exemple des salutations dans le temple ou devant un enseignant. Il faut savoir que l'entraînement à l'Éveil ne laisse rien au hasard et que cet entraînement va être des plus efficaces si chaque fait et geste, chaque situation, chaque attitude sont investis de sens et de perspective.

Ce sont de petites considérations que nous pratiquons très spontanément et très aisément dans la dite "vie de chaque jour" quand nous avons conscience des valeurs des choses et des êtres comme, par exemple, ne jamais se rendre à une invitation les "mains vides" ou de demander ce qu'on peut faire pour aider. Notre Bodhicitta est constamment à l'œuvre mais parfois on ne lui permet pas d'avoir plus d'envergure et d'ambition.

Tout particulièrement, le vajrayana invite à une grande vigilance dans les attitudes du corps, de la parole et de la pensée. Ce sont autant d'occasion pour prendre en "flagrant délit" nos saisies, notre soif, nos discriminations et nos schémas/clichés et finalement notre manque de conscience. Aujourd'hui, j'ai pris le temps d'écrire un petit blabla sur la signification de la kata de soie qui suscite des questions récurrentes.

Certes, cela peut donner l'impression d'un certain ritualisme. On peut également soupçonner des intentions de manipulation ou d'infantilisation. Ces sentiments participent de notre intelligence. Effectivement, il faut se méfier des manipulations d'une certaines "religiosité", des marques de vénération au seul titre d'un enseignant et de toute autre attitude de fascination et de croyance. Il n'y a aucun vœux d'obéissance à qui que ce soit dans la voie bouddhique et le Bouddha Shakyamouni est le premier à nous en dissuader à son égard. Il faut de défier des maîtres qui réclament obéissance ou allégeance de notre part. Il faut se défier des gestes et des comporatements que l'on affirmerait d'être suffisant à eux-mêmes parce qu'ils seraient chargés de mérites en soi ou de bénédiction en soi. Cette méfiance ne doit virer en suspicion. Cette méfiance doit nous inviter à demander le sens de tous ces protocoles. Si l'on ne vous donne pas des explications censées, vous pouvez toujours vous y appliquer avec analyse et discernement. Vous avez aussi la possibilité de vous approprier vos propres valeurs. Vous pouvez encore ne pas vous plier à ces protocoles tant que vous n'y trouverez pas de sens.

Signification de la kata de soie

Outre l'offrande traditionnelle au Lama, l'offrande de kata est pleine de signification dont l'élève doit s'investir pour en donner toute la portée dans sa relation aux lamas et au Dhrama.

La kata de soie n'est pas une pratique culturelle tibétaine comme beaucoup le pensent. Cette kata a une signification proprement bouddhique. Il y a la kata de requête pour un enseignement et la kata d’acquittement à la fin de l'enseignement. Au préalable, on plie en deux sur la longueur la kata unifiant ainsi méthode et sagesse. Puis on fait sept plis dans la largeur qui représentent les sept offrandes traditionnelles.

Kata de requête

Lors d'une requête pour un enseignement ou encore une transmission d'initiation etc., la blancheur de la kata avec le fait de la présenter toute déployée signifie que l'élève se sent clair dans son aspiration à l'Éveil. Ensuite, il affirme qu'il est digne de confiance et qu'il se réfère aux quatre sceaux du Dharma, aux quatre garanties et aux trois entraînements. Ainsi, l'élève montre qu'il ne rejettera pas la responsabilité aux Lamas, au Dharma et à la Sangha s'il n'arrive pas à comprendre, à expérimenter ou encore à s'éveiller. Par cette kata, le Lama peut se rassurer que l'élève ne fait pas un culte de la personnalité sur sa personne mais qu'il sollicite l'habilitation du Lama a instruire et transmettre le Dharma, tout particulièrement sous la forme ésotérique (vajra) afin de recevoir tous les éléments nécessaire à son Éveil.

Kata d’acquittement

La blancheur de la kata et le fait de la présenter toute déployée signifie la bonne volonté et l’honnêteté de l'élève dans le sens que s'il n'a pas tout compris il fera le nécessaire pour y réfléchir et l'expérimenter conformément aux vœux de Refuge auxquels il s'est engagé. En retour, le Lama qui vient d'enseigner remet cette kata autour du cou de l'élève pour signifier que le Lama prend considération de cet engagement de l'élève. À la fin d'un enseignement, cette kata est le signe d'un acquittement de part et d'autre. L'élève ne fait pas le reproche au lama ou encore au Dharma, de n'avoir pas compris surtout qu'il lui est possible de poser des questions avant de pouvoir réfléchir. Par cette kata, le Lama peut se réjouir de voir un élève tout disposé à mettre en pratique des instructions de Dharma.

Kata à la fin d'une initiation tantrique

J'ai appris la transmission des initiations auprès de plusieurs Lamas et tout particulièrement avec le vénérable Lama Shérab Dorjé qui m'incita à donner des initiations à ma sortie de retraite en 1992. Pour cela Lama Shérab Dorjé m'a accordé beaucoup d'explications sur l'attitude du Vajracharya (tib. Dordjé Lopeun), nom donné à celui qui à un élève vajra requérant une tranmission tantrique. En ce qui concerne la remise de kata à la fin d'une initiation, il a souligné l'importance au fait que le Lama Vajracharya ne remette pas la kata que l'élève vajra lui tend. L'élève repart sans sa kata et le Lama la garde avec lui. Ainsi le Lama Vajracharya fait savoir à l'élève que ses engagements vajras (sct. samaya) sont resté en dépôt de garanties pour le stimuler sa mémoire en cas d'endommagement et qu'il pourra toujours trouver chez ce Lama les moyens de réparer ses samayas, comme reprendre l'initiation, faire offrande de Ganachakra avec ses frêres et sœurs vajras, etc.